En février 2011, lors d’un séjour à Prague, je découvris au marché aux puces de Kolbenova une boîte à chaussures Bata (taille 39 et demi) contenant plusieurs photographies ainsi que des aquarelles peintes sur d’autres photographies dans un journal fait à la main. 
Sous le tas de photographies sommeillait une encyclopédie d’oiseaux de 1000 pages (The Pictorial Encyclopedia of Birds) rédigée en anglais par un auteur nommé Theodore Casson. Derrière chaque photographie et aquarelle, il y avait la date et le lieu où les photographies avaient été prises, ainsi que les initiales T.C.. J’en déduis donc que ces aquarelles et photographies-aquarelles étaient le fait de Theodore Casson. Les origines et la vie de T.C. restent pour moi mystérieuses et insondables, et son «aventure esthétique» (à défaut d’appeler cela de l’Art Brut) est encore obscure. 
En découvrant cette boîte et l’énigme de sa vie pendant une courte période (entre 1946-1947 d’après les dates temponnées à l’arriere), je vis en lui un photographe amateur éclairé, un peintre étrange et le témoin de l’immédiate après guerre. 
Je fus d’autant plus intrigué en réalisant que cette encyclopédie des oiseaux avait été partiellement recouverte de peinture rouge sur les yeux des volatiles. Un acte précis mais dénué de sens, devenant, au fil de la lecture, assez terrifiant. En admettant que Casson fut un ornithologue-photographe, un tel geste revêt une étrange signification. 
Avec les photographies il y avait donc un petit journal, contenant des images (les photographies de Casson ? des images trouvées ? ) et des mots peints sur leur surface, avec très souvent la mention «Theodore Casson Was Here» et la signature de T.C.. Quelques parties du journal «illustré» faisaient mention de deux noms, Hannabelle Langström et Rutledge Stevenson, probablement la compagne et le meilleur ami de Theodore. Il est difficile de savoir où Casson viva, bien que certaines des photographies, peintes en vert, font mention de quelques lieux : Nairobi, ou encore Giverny, Hamburg et Nuremberg. Parfois, les peintures et les photographies mentionnaient la date de 1971. Cependant, après recherches et recoupements, les dates exactes sont 1946 et 1947, et pourquoi Casson mentionna 1971 reste encore inexplicable. Mise à l’envers, cette date donne 1791 et l’on pourrait y voir la fascination d’un temps révolutionnaire qui aura vu la la naissance de Samuel Morse mais la mort de Mozart. 
En tant que découvreur et indéxateur du travail de T.C., je me propose d’en présenter une partie ici. J’y montre une partie des oiseaux, ainsi que les photos et photos-aquarelles. NB : Chaque photographie et aquarelle était indexée de 01 à 791. J’ai très vite réalisé que chacune des aquarelles et photographies du journal correspondait à un oiseau de l’encyclopédie. Le lecteur pourra disconvenir que le mystère de sa vie reste entier, mais, voici ses objets trouvés.